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Les impacts de la cigarette électronique et du vapotage sur la santé

Depuis son apparition au début des années 2000, la cigarette électronique s’est rapidement imposée comme une alternative au tabac traditionnel. Présentée comme moins nocive, elle est souvent perçue comme un dispositif peu risqué.

Mais connaissons-nous vraiment l’impact du vapotage sur la santé ? Le doute persiste pour beaucoup.

Alors que les données à très long terme sont effectivement encore limitées, de nombreuses études existent déjà, certaines pointant les effets néfastes du vapotage, aussi bien à court qu’à moyen terme.

Des problèmes aigus : le cas du syndrome EVALI

Le syndrome EVALI (pour « E-cigarette or Vaping Associated Lung Injury ») est une maladie respiratoire grave liée à l’utilisation de cigarettes électroniques ou de dispositifs de vapotage.

Il provoque une inflammation sévère des poumons, qui se manifeste par des symptômes tels que la toux, un essoufflement important, des douleurs thoraciques, mais aussi parfois de la fièvre, des nausées, ou un grand épuisement. À l’imagerie médicale, les poumons présentent des lésions diffuses, semblables à une pneumonie.

Ce syndrome a été mis en lumière en 2019 lors d’une épidémie majeure aux États-Unis. Plus de 2800 cas ont été recensés, causant au moins 68 décès. Les personnes touchées étaient majoritairement des jeunes adultes, voire des adolescents, et la grande majorité utilisaient des produits au THC (la substance psychoactive du cannabis), achetés sur des marchés non réglementés.

L’EVALI peut survenir brutalement, même chez des jeunes en bonne santé et le syndrome peut être très sévère : certains patients ont dû être hospitalisés en urgence, placés sous oxygène ou en soins intensifs. Même si la majorité des malades ont pu guérir grâce à un traitement à base de corticoïdes et à l’arrêt du vapotage, les risques de séquelles pulmonaires ou de décès ne sont pas négligeables.

Et le “Popcorn lung” dans tout ça ?

Le terme « popcorn lung » désigne une maladie rare et grave des petites bronches (la bronchiolite oblitérante), initialement observée chez des ouvriers exposés à des arômes contenant du diacétyle (arôme « beurre ») dans le cadre de leur travail en industrie.

Or, ce composé chimique a été aussi détecté dans certains e-liquides aromatisés. Cela a soulevé des inquiétudes, mais à ce jour, aucun lien direct et confirmé na été établi entre le vapotage et cette maladie.

Les cas rapportés sont extrêmement rares et restent au stade de risque théorique.

En réalité, beaucoup de confusions circulent entre cette pathologie et d’autres formes de lésions pulmonaires liées au vapotage, comme l’EVALI, qui a des signes cliniques bien différents. Si la prudence reste de mise concernant les arômes inhalés, le « popcorn lung » dans le contexte du vapotage n’a pas été prouvé.  

Des impacts réels au niveau pulmonaire et ORL

En plus des maladies aigues, l’usage de la cigarette électronique peut exposer à d’autres troubles respiratoires. En effet, vapoter est associé à un risque accru d’asthme, en particulier chez les adolescents et les jeunes adultes. Ce risque est encore plus marqué chez ceux qui combinent cigarette électronique et tabac.

En cause ?  Les aérosols inhalés qui contiennent des substances irritantes comme le propylène glycol, des arômes, des produits de dégradation potentiellement toxiques et, souvent, de la nicotine. Ces composés sont susceptibles d’irriter les bronches, d’inflammer les voies respiratoires et de perturber la fonction pulmonaire.

Mais l’effet toxique et inflammatoire ne s’arrête pas aux poumons. En entrant en contact avec les muqueuses de la bouche, du nez, de la gorge — voire des oreilles — ces substances peuvent aussi provoquer une série de troubles ORL : toux sèche, irritations de la gorge, voix enrouée, sécheresse buccale, ou encore douleurs laryngées. On observe aussi des rhinites, des sinusites, des troubles de l’odorat ou du goût, et parfois des mycoses buccales (type muguet) liées à un déséquilibre du microbiote. Dans certains cas, des acouphènes ou des sensations de vertige ont été constatés.  

Des effets délétères sur le cœur

Les substances présentes dans les aérosols des cigarettes électroniques ne sont pas non plus sans effet sur le cœur et les vaisseaux.

La nicotine, en particulier, augmente la pression artérielle, accélère le rythme cardiaque et agit sur les vaisseaux en favorisant la vasoconstriction. D’autres substances peuvent provoquer du stress oxydatif, de l’inflammation ou encore altérer la fonction des cellules qui tapissent les parois des vaisseaux (dysfonction endothéliale). Ces mécanismes sont impliqués dans le développement de l’hypertension, de l’athérosclérose, des troubles du rythme ou de l’insuffisance cardiaque.

Ces conséquences ne sont pas seulement théoriques : des études épidémiologiques ont montré que les personnes qui vapotent ont un risque accru d’infarctus du myocarde par rapport à celles qui ne fument pas. Ce risque est quatre fois plus élevé chez ceux qui cumulent cigarette électronique et tabac !

Des conséquences à long terme probables et un risque cancérigène

Même si le lien entre vapotage et cancer est encore en cours d’étude, plusieurs signes inquiétants apparaissent déjà. Des études récentes soulignent que le vapotage pourrait augmenter le risque de certains cancers, notamment ceux de la bouche, des poumons, du sein et de la vessie.

Comme ces organes sont en contact avec les substances chimiques contenues dans la vapeur – par exemple certains métaux, des composés organiques ou des arômes –, il peut y avoir un endommagement des cellules. À long terme, ces dommages cellulaires et génétiques sont susceptibles de jouer un rôle dans les processus cancéreux. Des altérations précoces, proches de celles observées chez des fumeurs, ont d’ailleurs déjà été relevées chez certains vapoteurs.

Aujourd’hui, il est encore difficile de prouver un lien direct, car beaucoup de vapoteurs ont aussi fumé ou consomment de l’alcool, ce qui complique les recherches. Cependant, les effets biologiques observés sont suffisamment sérieux pour inciter à la prudence.

Une précaution de mise

Le sujet reste complexe à cause de l’évolution rapide des dispositifs, de la composition variée des liquides, et des données sur la consommation prolongée qui manquent encore. Toutefois, malgré ces limites, les connaissances scientifiques disponibles aujourd’hui permettent déjà de mieux comprendre les impacts possibles de la cigarette électronique sur la santé, notamment sur le plan respiratoire et cardiovasculaire.

Ce constat appelle à la prudence, en particulier face à l’usage mixte – vapotage et tabac – qui est clairement identifié comme nocif. Mais même lorsque la cigarette électronique est utilisée seule, la vigilance reste nécessaire : que ce soit chez les ex-fumeurs passés à la cigarette électronique sans objectif d’arrêt ou chez les personnes ayant commencé directement par le vapotage.

Références

Ashraf, M.T., Shaikh, A., Khan, M.K.S. « Association between e-cigarette use and myocardial infarction: a systematic review and meta-analysis » [en ligne]. Egypt Heart J. 2023, 75, 97. Disponible sur le Web : https://doi.org/10.1186/s43044-023-00426-6

Baniulyte G, Ali K. E-cigarette side effects in otolaryngology: unveiling the vape mirage. Evid Based Dent. 2023 Dec;24(4):184-185. Epub 2023 Oct 20. 10.1038/s41432-023-00941-0

Bittoni, MA. «Vaping, Smoking and Lung Cancer Risk [en ligne]. Journal of Oncology Research and Therapy. 2024. 9 p. Disponible sur le Web : https://www.doi.org/10.29011/2574-710X.10229. ISSN : 2574-710X

Un article du Service Prévention Tabac

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